Résumé des faits clés
- Expansion de la 5G & 6G à l’horizon : Les régulateurs du monde entier ont accéléré le déploiement des réseaux sans fil de nouvelle génération. Aux États-Unis, la FCC a décidé de accélérer la 5G (et même de préparer l’arrivée de la 6G) en contournant la bureaucratie locale sur la construction des tours [1]. De grandes enchères de spectre 5G sont en cours dans le monde – l’Inde prépare une méga-enchère couvrant près de 10 bandes (y compris le lancement de la bande supérieure des 6 GHz) [2], le Sri Lanka vient de publier son premier avis d’enchère 5G (visant à attribuer les fréquences dans les deux mois) [3], et la Turquie a programmé un appel d’offres 5G très attendu le 16 octobre avant un lancement du service en avril 2026 [4]. Les régulateurs européens libèrent des ondes mmWave ultra-rapides (le Royaume-Uni met aux enchères ce mois-ci des licences haut débit 26 GHz et 40 GHz dans les villes) et étudient même le spectre térahertz pour les futurs réseaux 6G [5].
- Coup de force des opérateurs : Les opérateurs télécoms ont annoncé des initiatives audacieuses pour dépasser leurs rivaux. Au Royaume-Uni, BT (EE) s’est fixé l’objectif ambitieux de couvrir 99 % de la population avec la 5G autonome d’ici 2030 – soit quatre ans avant ses concurrents – en s’appuyant sur de nouveaux équipements Ericsson qui quadruplent la capacité de liaisons montantes [6]. Aux États-Unis, Verizon s’est associé à l’unité Vernova de GE pour connecter des réseaux énergétiques intelligents via des réseaux LTE/5G privés pour les compagnies d’électricité [7] [8]. Vodafone se développe en Europe de l’Est, acceptant d’acquérir la clientèle postpayée de Telekom Romania Mobile (tandis que son partenaire Digi reprend l’activité prépayée) dans le cadre d’un accord de 70 millions d’euros [9]. Et des leaders du secteur comme Telefónica exhortent les régulateurs à autoriser davantage de fusions – soulignant que l’Europe compte 41 opérateurs télécoms distincts avec plus de 500 000 abonnés chacun (contre seulement cinq aux États-Unis) – afin d’améliorer l’échelle et l’efficacité [10]. « Il suffit de relâcher un peu le frein et de permettre au marché de se consolider », a plaidé le PDG de Telefónica, Marc Murtra, mettant en avant la fragmentation du secteur européen [11].
- Adieu la 3G, bonjour la 5G : L’abandon progressif à l’échelle mondiale des réseaux 2G et 3G anciens s’accélère afin de libérer du spectre pour le haut débit. Les réseaux 3G en Europe ont été en grande partie démantelés, et la plupart des pays de l’UE prévoient de retirer la 2G d’ici 2030 [12]. Aux États-Unis, les principaux opérateurs ont déjà arrêté la 3G en 2022 et prévoient de mettre fin au service 2G restant vers 2025 [13]. Même les marchés en développement tentent de rattraper leur retard : par exemple, Israël a fixé une date limite à fin 2025 pour éteindre tous les signaux 2G et 3G (obligeant tous les utilisateurs à passer à des téléphones 4G/5G VoLTE d’ici 2026) [14]. Et en Gambie, le gouvernement a approuvé un investissement de 95 millions de dollars pour relancer l’opérateur public Gamcel – actuellement bloqué sur l’ancienne technologie 2G/3G – en modernisant chaque site vers la 4G et la 5G. « Nous sommes le seul opérateur actuellement en 2G et 3G. Tous les autres opérateurs de ce marché disposent de la 4G ou de la 5G », a déploré la directrice générale de Gamcel, Fatou Fatty, soulignant l’urgence de la modernisation [15]. Selon le nouveau plan, toutes les antennes de Gamcel seront mises à niveau vers la 4G/5G et les anciens réseaux seront supprimés, permettant enfin à l’entreprise de se mettre au niveau de ses concurrents [16].
- Les innovations 5G ouvrent de nouveaux exploits : Les réseaux mobiles de nouvelle génération permettent des avancées autrefois considérées comme de la science-fiction. Ce mois-ci, pour la première fois au monde, Zain du Koweït a facilité une chirurgie à distance sur 12 000 km : un médecin au Koweït a opéré avec succès un patient au Brésil, en utilisant une connexion 5G ultra-faible latence de 80 Mb/s [17]. Le PDG de Zain a salué cette étape comme « un pas sérieux vers un avenir numérique prospère », la connexion fiable et en temps réel permettant un contrôle robotique précis à travers le globe. Parallèlement, les opérateurs tiennent enfin leurs promesses concernant les capacités avancées de la 5G : des fonctionnalités comme le network slicing (réseaux virtuels dédiés à un usage professionnel) sont passées de la phase de test au lancement commercial (les nouveaux services T‑Priority de T-Mobile et le réseau Frontline de Verizon en sont des exemples précoces) [18]. Et une nouvelle génération d’appareils 5G axés sur l’IoT émerge : les 5G à capacité réduite (RedCap). Les analystes du secteur prévoient que 2025 sera l’année de l’explosion pour ces gadgets 5G à bas coût, notant que c’est la première fois que les fabricants d’appareils et les réseaux sont pleinement alignés sur l’adoption de RedCap [19]. Même la toute dernière montre connectée d’Apple prend désormais en charge la 5G RedCap, signe d’un large soutien de l’industrie à cette technologie. RedCap comble un vide important : il offre une vitesse et une latence bien supérieures aux standards IoT basés sur la 4G (comme LTE-M ou NB-IoT), mais avec des modems plus simples et moins chers que la 5G complète – idéal pour les objets connectés, capteurs et dispositifs industriels intelligents [20].
- IoT, haut débit et au-delà : L’utilisation mondiale d’Internet mobile continue de croître – mais de manière inégale. Les réseaux 5G couvrent désormais environ 54 % de la population mondiale (environ 4,4 milliards de personnes) [21], pourtant environ 3,1 milliards de personnes restent hors ligne malgré le fait de vivre dans une zone couverte par le réseau [22]. Cet « écart d’utilisation » – principalement dû à des obstacles liés à l’accessibilité financière et aux compétences numériques – est dix fois plus important que l’écart de couverture. « Se connecter en ligne apporte d’énormes et indéniables avantages socio-économiques… Éliminer les derniers obstacles est essentiel, » déclare le Directeur Général de la GSMA, Vivek Badrinath, appelant à des efforts pour combler cette fracture numérique [23]. À l’autre extrémité du spectre, la demande de connectivité pousse les réseaux vers le ciel. Les opérateurs se tournent vers les satellites pour étendre la couverture là où les antennes ne peuvent pas atteindre. Aux États-Unis, T-Mobile a élargi son service satellite-vers-mobile alimenté par SpaceX Starlink au-delà de la simple messagerie texte – permettant désormais l’utilisation d’applications populaires comme WhatsApp, Google Maps et même X (Twitter) dans les zones reculées dites « zones blanches » [24]. Les téléphones se connecteront automatiquement à un satellite lorsque le signal terrestre fera défaut, fournissant des données de base pour les applications essentielles. « Les gens sont ravis que le téléphone dans leur poche puisse se connecter à l’espace – c’est en quelque sorte un téléphone satellite sans avoir à acheter d’équipement supplémentaire, » a déclaré Jeff Giard, vice-président de T-Mobile, alors que le service est déployé auprès des utilisateurs [25]. Et au Canada, Bell et son partenaire AST SpaceMobile viennent de réaliser les premiers appels vocaux et sessions de données satellite-direct-vers-mobile du pays, prouvant que les smartphones standards peuvent se connecter à des satellites en orbite basse pour le haut débit – un avant-goût d’un service commercial prévu couvrant 5,7 millions de km² de zones isolées d’ici 2026 [26].
- Perspectives sur la sécurité et l’industrie : L’industrie des télécommunications fait face à de nouveaux défis en matière de sécurité, même en innovant. Fin septembre, des agents américains ont déjoué une menace sans précédent en saisissant plus de 300 dispositifs illicites de serveurs SIM et plus de 100 000 cartes SIM qui avaient été regroupés près de New York – une installation clandestine capable de saturer les réseaux cellulaires de trafic ou même de mettre hors service les communications d’urgence 911 [27]. Les autorités ont averti que la perturbation potentielle de ce système de « ferme à SIM » « ne saurait être surestimée », d’autant plus qu’il a été découvert pendant les réunions de l’Assemblée générale de l’ONU [28]. Les opérateurs sont également en alerte face à l’espionnage de haute technologie : une campagne de piratage liée à la Chine, identifiée cette année, a infiltré plusieurs réseaux télécoms américains en exploitant des vulnérabilités de routeurs et de pare-feu [29]. En réponse, les opérateurs renforcent leurs systèmes et collaborent avec les gouvernements pour améliorer les défenses. Malgré ces vents contraires, les perspectives globales du secteur restent prudemment optimistes. Les actions télécoms européennes ont progressé dans l’espoir d’une consolidation du marché et de nouvelles sources de revenus, et des opérateurs comme BT vantent les énormes avantages économiques de la connectivité de nouvelle génération (potentiellement des centaines de milliards de dollars d’impact sur le PIB) [30]. En résumé : les technologies basées sur le GSM – du 4G et 5G à la future 6G – continuent de connecter plus de personnes et d’objets de manière transformatrice. Avec des investissements solides, des politiques intelligentes et une vigilance face aux menaces, l’industrie mobile est prête à libérer une valeur sans précédent dans les années à venir tout en comblant enfin les dernières fractures numériques [31].
Accélérateurs de spectre et de régulation
États-Unis – Accélération du déploiement de la 5G (et de la 6G) : Les régulateurs américains lèvent activement les obstacles pour accélérer l’expansion du haut débit mobile. Le 30 septembre, la Federal Communications Commission (FCC) des États-Unis a adopté de nouvelles règles pour rationaliser la construction des infrastructures sans fil à l’échelle nationale, dans le but d’empêcher les autorités locales et étatiques de « bloquer illégalement » l’implantation d’antennes 5G [32]. Cette initiative « Build America » donne à la FCC le pouvoir de préempter les retards de permis locaux et même de mettre en place une procédure accélérée (« rocket docket ») pour résoudre les litiges liés aux antennes [33]. Le commissaire de la FCC, Brendan Carr, a souligné que ces mesures – ainsi que les efforts pour libérer davantage de spectre – sont essentielles pour répondre à la demande croissante de données et maintenir le leadership américain dans le domaine du sans-fil [34]. La FCC a également présenté le calendrier des prochaines enchères de spectre : son plan pour l’exercice 2026 prévoit la mise aux enchères des fréquences AWS-3 restantes de la bande moyenne d’ici juin 2026, et l’évaluation de nouvelles bandes (comme la partie supérieure des 4 GHz et les fréquences inutilisées des 600 MHz) pour des enchères ultérieures [35]. Parallèlement, la National Telecommunications & Information Administration (NTIA) étudie de nouvelles bandes de spectre allant de 1,6 GHz à 7 GHz comme candidates potentielles pour la 5G/6G [36]. En résumé, les décideurs américains s’efforcent de préempter la bureaucratie et d’ouvrir davantage de fréquences, dans l’espoir de dynamiser les déploiements 5G et même de préparer le terrain pour la 6G.
Asie – Grandes enchères de l’Inde au Sri Lanka : À travers l’Asie, les régulateurs ont agi rapidement sur le spectre pour la 5G. En Inde, l’autorité des télécommunications TRAI a dévoilé des plans pour une vente massive de spectre couvrant près de dix bandes [37]. Pour la première fois, l’Inde mettra aux enchères les précieuses fréquences 6 GHz supérieures (6425–7125 MHz) spécifiquement réservées aux services avancés 5G/6G [38]. La prochaine enchère (prévue pour 2024) inclut également un large éventail de bandes basses, moyennes et hautes – des bandes basses 600 MHz et 700 MHz, plusieurs bandes moyennes (800, 900, 1800, 2100, 2300 MHz, etc.), jusqu’à 3,5 GHz et 26 GHz mmWave [39] [40]. Après une participation mitigée lors des récentes enchères, la TRAI consulte désormais sur des moyens d’attirer plus d’enchérisseurs, notamment en abaissant les prix de réserve et même en autorisant de nouveaux entrants (comme les entreprises) à enchérir directement sur le spectre [41]. L’objectif est de renforcer la concurrence et de s’assurer que les fréquences précieuses ne restent pas invendues (des milliards de dollars sont restés sans preneur lors des ventes précédentes) [42]. Pendant ce temps, au Sri Lanka, les régulateurs ont enfin lancé le premier processus d’enchère 5G du pays après des années de retard. Le 3 octobre, les autorités ont publié un avis officiel d’attribution pour le spectre 5G [43]. L’enchère durera environ 40 jours et devrait se conclure d’ici décembre, ouvrant la voie aux opérateurs sri-lankais pour lancer des services commerciaux 5G début 2026 <a href= »https://www.ft.lk/front-page/Govt-announces-2025-5G-spectrum-auction/44-782618#:~:text=%E2%80%9CFollowing%20this%20long%20process%2C%20the,by%20this%20ft.lk. Les dirigeants gouvernementaux ont déclaré que cette initiative renforcerait l’infrastructure numérique et stimulerait la croissance dans tous les secteurs – de l’agriculture intelligente à la télésanté – une fois la 5G lancée [44] [45].
Moyen-Orient – Nouvelle ère 5G en Turquie et dans le Golfe : Plusieurs pays du Moyen-Orient libèrent également des fréquences pour les services de nouvelle génération. Notamment, la Turquie – jusqu’à présent à la traîne sur la 5G – a confirmé qu’elle organisera une enchère très attendue pour le spectre 5G le 16 octobre 2025 [46]. Le ministre turc des télécommunications a annoncé que les trois opérateurs mobiles (Turkcell, Türk Telekom et Vodafone Turkey) sont autorisés à participer sous leurs licences GSM/4.5G existantes [47]. L’enchère proposera 11 blocs de fréquences totalisant 400 MHz de spectre dans les bandes 700 MHz et 3,5 GHz, avec un prix minimum combiné fixé à environ 2,1 milliards de dollars [48]. Point crucial, les licences exigeront que les opérateurs lancent le service 5G d’ici le 1er avril 2026 [49] – apportant enfin la 5G aux consommateurs turcs après des années d’attente. (Pour contexte, les licences mobiles actuelles de la Turquie n’expirent qu’en 2029 ; après cela, un nouveau régime d’autorisation avec partage des revenus entrera en vigueur pour régir l’ère post-4G [50].) Ailleurs dans la région, les pays du Golfe qui ont été parmi les premiers à adopter la 5G cherchent désormais à fermer complètement les réseaux hérités – par exemple, Israël prévoit d’éteindre totalement la 2G et la 3G d’ici fin 2025 afin de réaffecter ces fréquences à la 4G/5G [51], un calendrier ambitieux qui fait écho aux initiatives des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. Ces mesures en matière de spectre et de politique à travers l’Asie et le Moyen-Orient soulignent une course mondiale pour accélérer l’accès mobile à Internet de nouvelle génération.
Europe – Enchères de bandes hautes et planification 6G : Les régulateurs européens ont également avancé leurs agendas en matière de spectre. En Grande-Bretagne, l’Ofcom a lancé ce mois-ci la première enchère britannique de spectre 5G ondes millimétriques [52]. Des dizaines de licences dans les bandes 26 GHz et 40 GHz sont mises aux enchères – soit un total énorme de 6,25 GHz de bande passante – visant à déployer la 5G ultra-rapide dans les grandes villes [53]. L’Ofcom a passé l’année écoulée à libérer ces bandes des occupants existants (comme les liaisons sans fil fixes) et à examiner les candidats ; la phase d’enchères commence maintenant en octobre [54]. Les fréquences mmWave peuvent offrir des vitesses multi-gigabits et une faible latence sur de courtes distances. Les régulateurs estiment que cela pourrait permettre de nouvelles applications pour les consommateurs et les entreprises – de la réalité augmentée/virtuelle et du cloud gaming aux usines intelligentes et à la connectivité dans les stades [55]. Ailleurs en Europe, les autorités ont progressé sur les plans de bandes moyennes : la France attribue un spectre dédié de 3,8 GHz pour les réseaux 5G industriels, l’Espagne prépare une enchère 26 GHz, et la Pologne vient de relancer son enchère C-band bloquée, entre autres. Et en regardant plus loin, l’Europe a déjà un œil sur la 6G. La Commission européenne et la CEPT ont entamé des études préliminaires sur les bandes de fréquences candidates térahertz qui pourraient soutenir la 6G dans les années 2030 [56] [57]. En étudiant dès maintenant le spectre au-dessus de 100 GHz, les planificateurs de l’UE espèrent préparer le terrain pour la future normalisation de la 6G. En résumé, à travers l’Europe, on observe une double dynamique : pousser la 5G vers des fréquences plus élevées pour de nouvelles capacités, tout en lançant la recherche à long terme sur les réseaux de demain.
Initiatives des opérateurs mobiles & mouvements du marché
Royaume-Uni – L’ambition 5G de BT : Le groupe britannique de télécommunications BT (EE) a dévoilé une feuille de route ambitieuse visant à dépasser ses concurrents à l’ère de la 5G. L’entreprise a annoncé son intention d’atteindre 99 % de couverture 5G de la population au Royaume-Uni d’ici 2030 grâce à la technologie 5G autonome (5G SA) [58]. Cet objectif est notablement fixé quatre ans avant la cible du gouvernement et les échéances de ses rivaux. Pour y parvenir, BT déploiera de nouveaux équipements comme les dernières radios 5G d’Ericsson qui augmentent la capacité de l’uplink par quatre, améliorant la portée et la performance du réseau, notamment pour les applications à fort trafic montant [59]. Si elle réussit, la couverture de BT en 2030 couvrirait pratiquement tout le pays en signaux 5G. Les dirigeants de BT affirment qu’un investissement précoce dans une large couverture et des fonctionnalités 5G avancées portera ses fruits en permettant des services intelligents à l’échelle nationale (des capteurs IoT aux applications AR/VR) et en attirant des clients entreprises exigeant une ubiquité fiable. Ce plan agressif met la pression sur les rivaux britanniques (comme Vodafone et Three, qui sont eux-mêmes en cours de fusion) pour accélérer leurs propres plans de déploiement 5G. Il s’inscrit également dans la stratégie réseau plus large de BT, qui prévoit l’arrêt de la 3G d’ici 2023 et même de la 2G d’ici la fin de la décennie, à mesure que la 5G prend le relais.
Amérique du Nord – Verizon vise les réseaux intelligents : Aux États-Unis, Verizon étend sa couverture 5G au-delà des consommateurs et vers des secteurs critiques. Début octobre, Verizon Business a annoncé un partenariat avec GE Vernova (la division énergie de GE) pour aider à moderniser les réseaux électriques grâce à des réseaux sans fil privés [60]. Verizon intègre la plateforme MDS Orbit de GE Vernova – une solution sans fil industrielle – à son portefeuille destiné aux entreprises de services publics [61]. L’objectif est de fournir aux opérateurs de réseaux électriques une connectivité LTE/5G fiable et sécurisée pour contrôler les postes électriques, les compteurs intelligents et les équipes sur le terrain. Verizon affirme que ces réseaux privés soutiendront la transformation massive en cours dans le secteur de l’énergie (comme le passage aux réseaux intelligents et aux énergies renouvelables) en permettant la surveillance et l’automatisation en temps réel. Le système GE Vernova peut transporter des données SCADA, de la voix et du trafic de contrôle à faible latence sur des bandes licenciées ou non licenciées, voire en Wi-Fi, servant ainsi de colonne vertébrale de communication flexible pour les services publics [62]. L’initiative de Verizon s’appuie sur son réseau public 5G existant en proposant des « tranches de réseau » sur mesure ou une infrastructure dédiée aux secteurs ayant des besoins spécialisés (services publics, industrie, etc.). Cela reflète également une tendance plus large des opérateurs télécoms à rechercher de nouveaux revenus sur les marchés de l’entreprise et de l’IoT – au-delà de la saturation des ventes de smartphones grand public – en exploitant les capacités de la 5G pour numériser d’autres secteurs.
Europe – Consolidation transfrontalière et transactions : Les opérateurs télécoms européens poursuivent des accords stratégiques pour gagner en taille et rationaliser leurs activités dans un marché très fragmenté. Un développement majeur a été l’accord de Vodafone en Roumanie : fin septembre, Vodafone Group et Digi Roumanie ont accepté de se partager Telekom Romania Mobile, le troisième opérateur du pays. Vodafone va acquérir les clients mobiles postpayés et les activités entreprises de Telekom Romania pour environ 30 millions d’euros, tandis que Digi reprend la base d’utilisateurs prépayés pour environ 40 millions d’euros [63] [64]. La transaction totale de 70 millions d’euros, désormais approuvée par les régulateurs roumains, divise effectivement les actifs de Telekom Romania Mobile (anciennement détenu par OTE/Deutsche Telekom) entre les deux acheteurs. La PDG de Vodafone, Margherita Della Valle, a déclaré que cette opération « renforce notre position en Roumanie » en ajoutant de la taille et du spectre, permettant davantage d’investissements dans la qualité du réseau [65]. En effet, l’accord donnera à Vodafone Roumanie une part d’abonnés plus importante pour mieux concurrencer Orange, le leader du marché. Plus largement en Europe, les fusions et acquisitions sont un sujet brûlant alors que les opérateurs estiment que le continent compte trop d’acteurs. Le nouveau PDG de Telefónica, Marc Murtra, a affirmé que les quelque 40 opérateurs mobiles européens ne sont pas viables, surtout comparé aux États-Unis ou à la Chine qui n’ont que 3 à 5 grands opérateurs [66]. Lui et d’autres PDG exhortent les régulateurs de l’UE à assouplir les barrières antitrust pour permettre des fusions transfrontalières ou des rapprochements nationaux qui pourraient créer des télécoms paneuropéens plus solides et plus efficaces [67] [68]. Cette année a déjà vu quelques mouvements : Orange et MasMovil ont obtenu l’approbation pour fusionner en Espagne (créant un nouveau numéro 2), et Telenor cherche à fusionner ses activités sur des marchés comme le Danemark et l’Asie. Même au Pakistan, un marché en développement, la consolidation est en cours – le régulateur du pays vient d’approuver l’acquisition de Telenor Pakistan par l’opérateur local PTCL (Ufone) [69]. Le lobby européen des télécoms (ETNO et GSMA) affirme que des opérateurs plus grands auraient plus de capital à investir dans la 5G, la fibre et l’innovation, ce qui profiterait aux consommateurs sur le long terme. Bien que les régulateurs restent prudents quant à la hausse des prix, il y a une tendance croissanteil est logique que certaines consolidations soient inévitables pour garantir que les réseaux 5G soient économiquement viables en Europe.
Asie – Renaissance des entreprises publiques et technologies locales : En Asie du Sud, une initiative notable des opérateurs provient de la BSNL indienne (Bharat Sanchar Nigam Limited), l’opérateur public. Après des années de retard par rapport à ses concurrents privés, BSNL se lance désormais dans une modernisation rapide – prévoyant de mettre à niveau toutes ses antennes 4G vers la 5G en 6 à 8 mois [70]. Cela a été annoncé par le ministre indien des Télécommunications, Jyotiraditya Scindia, lors d’un forum économique, marquant une étape importante dans la quête d’autonomie télécom de l’Inde. BSNL possède environ 92 000 antennes à travers le pays, et n’a commencé à déployer la 4G que récemment (en utilisant une technologie locale). Désormais, ces sites 4G seront mis à niveau vers la 5G d’ici la mi-2024, offrant ainsi à BSNL une couverture nationale 5G presque du jour au lendemain une fois l’opération terminée [71]. Le ministre a souligné que cette approche – utilisant la technologie 4G/5G locale développée par des entreprises nationales (C-DoT, Tejas Networks et TCS) – place l’Inde parmi les rares pays disposant d’une solution télécom domestique de bout en bout [72]. En testant sa propre technologie, l’Inde vise à bâtir une infrastructure numérique plus autonome. Scindia a même affirmé que l’Inde « mène le monde en vitesse de déploiement de la 5G », affirmant que la couverture atteint 99,8 % des districts indiens après seulement un an de déploiement privé de la 5G [73]. (Les opérateurs privés Jio et Airtel ont effectivement déployé la 5G à un rythme effréné depuis fin 2022.) Avec l’arrivée de BSNL, la 5G s’étendra aux zones rurales et isolées non couvertes par les opérateurs privés, BSNL ayant une mission de service universel. L’apport du soutien gouvernemental a également amélioré la santé de BSNL – l’entreprise est redevenue bénéficiaire cette année après une longue période de pertes, et sa base d’abonnés est passée de 87 millions à 91 millions récemment [74]. Tous ces mouvements – consolidation dans certains endroits, investissements agressifs dans d’autres – montrent que les opérateurs du monde entier se positionnent pour l’ère de la 5G, que ce soit par des fusions, des partenariats ou des mises à niveau accélérées.
Mises à niveau des réseaux & arrêts de la 2G/3G
Alors que les déploiements de la 5G et de la fibre s’accélèrent, les opérateurs du monde entier retirent progressivement les anciens réseaux 2G et 3G qui étaient autrefois les piliers de la communication mobile. Le réaménagement du spectre de ces réseaux hérités est crucial pour améliorer la capacité de la 4G et de la 5G. En Europe, la 3G a pratiquement disparu – la plupart des opérateurs de l’UE ont éteint la 3G au cours des 2 à 3 dernières années, les utilisateurs de smartphones étant passés à la 4G/5G. L’attention se porte désormais sur l’ultime héritage GSM : de nombreux pays européens ont fixé des échéances pour l’arrêt de la 2G GSM autour de 2025–2030 (car certains appareils IoT et l’itinérance vocale utilisent encore la 2G). La majorité des pays de l’UE prévoient de mettre fin à la 2G d’ici 2030 au plus tard [75]. Par exemple, les opérateurs néerlandais et irlandais mettront fin à la 2G en 2025, et d’autres comme l’Allemagne et la France d’ici la fin de la décennie, en coordonnant pour s’assurer que des technologies alternatives (comme l’itinérance VoLTE et les réseaux IoT basse consommation) soient d’abord en place. Aux États-Unis, tous les grands opérateurs ont déjà arrêté le service 3G – un processus achevé en 2022 [76]. La 2G est la prochaine sur la liste : AT&T et T-Mobile ont retiré la 2G il y a quelques années, et Verizon prévoit de le faire d’ici fin 2025, ce qui signifie que pratiquement tous les réseaux GSM/CDMA hérités aux États-Unis auront disparu. Cela libère de précieuses fréquences basses pour la LTE et la 5G. L’Asie de l’Est suit une trajectoire similaire – le Japon et la Corée du Sud n’ont plus de réseaux 2G/3G actifs, et en Chine, la 3G est en grande partie démantelée alors que des millions de nouvelles stations 5G sont déployées (bien que la 2G subsiste pour l’instant pour prendre en charge les anciens appareils). Même certains pays en développement prennent des mesures audacieuses : Israël a récemment annoncé qu’il éteindra complètement tous les réseaux 2G et 3G d’ici le 31 décembre 2025 [77]. À partir de 2026, les Israéliens auront besoin de téléphones compatibles 4G ou 5G VoLTE pour accéder au service, car les anciens réseaux seront désactivés. Cette décision ambitieuse fera d’Israël l’un des premiers pays à supprimer totalement la 2G, suivant ainsi l’exemple de pays du Golfe avancés (par exemple, les Émirats arabes unis ont éteint la 2G, et l’Arabie saoudite prévoit de le faire en 2025). Alors que les marchés avancés progressent rapidement, certains marchés émergents travaillent encore sur la transition vers la 4G et rencontrent des difficultés à moderniser des réseaux obsolètes. Un exemple frappant est Gamcel en Gambie, l’un des petits opérateurs publics d’Afrique de l’Ouest. Jusqu’à présent, Gamcel avait littéralement des décennies de retard – ne proposant que la 2G GSM et un peu de 3G, sans aucune 4G – alors que ses concurrents lançaient la 4G voire la 5G. « Nous sommes le seul opérateur actuellement en 2G et 3G. Tous les autres opérateurs de ce marché disposent de la 4G ou de la 5G », a admis avec frustration la directrice générale de Gamcel, Fatou Fatty [78]. Ce retard technologique a nui à la part de marché et à la viabilité financière de Gamcel. Mais le changement arrive : le gouvernement gambien vient d’approuver un plan de sauvetage avec un investisseur local injectant 95 millions de dollars (environ 6,7 milliards de dalasis) dans la modernisation du réseau de Gamcel [79] [80]. Selon l’accord (en attente de l’approbation finale du Cabinet), tous les sites cellulaires de Gamcel seront mis à niveau vers la technologie 4G LTE et 5G, et son équipement 2G/3G « très obsolète » sera progressivement supprimé [81]. Un système de facturation moderne sera également installé pour prendre en charge de nouveaux services. Essentiellement, Gamcel vise à passer directement de la 3G à la 4G/5G en une seule étape, offrant enfin le haut débit mobile à ses clients. L’investisseur est une entreprise gambienne – un choix délibéré du gouvernement pour garder les revenus dans le pays et maintenir le contrôle national sur les actifs télécoms stratégiques [82]. Les responsables espèrent que ce partenariat public-privé permettra de redresser Gamcel et d’améliorer la connectivité en Gambie, mais il s’accompagne d’une réduction douloureuse des effectifs (des centaines d’employés se voient proposer un départ volontaire avec indemnités) [83]. Néanmoins, si le projet aboutit, d’ici 2026 la Gambie pourrait passer d’un pays majoritairement 2G à plusieurs réseaux 4G/5G, illustrant la rapidité avec laquelle l’écart technologique peut se combler. Ailleurs en Asie du Sud et en Afrique, des histoires similaires se déroulent : de nombreux opérateurs utilisent l’expansion de la 4G comme tremplin vers la 5G, tout en fermant la 3G pour concentrer les ressources. Au Kenya, par exemple, Safaricom a désactivé la 2G dans certaines zones alors qu’il étend la 4G. Et en Afrique du Sud, Vodacom et MTN réaffectent le spectre 2G à la LTE tout en maintenant la 2G uniquement pour les appareils d’entrée de gamme jusqu’en 2025. Les gouvernements encouragent également ce processus. Le Nigeria et le Brésil ont tous deux publié des politiques demandant aux opérateurs de migrer les clients hors de la 3G dans les prochaines années et d’améliorer la couverture 4G à l’échelle nationale. Un obstacle majeur dans les régions les plus pauvres est le coût des nouveaux appareils – de nombreuses personnes utilisent encore des téléphones 2G basiques. Des organisations comme la GSMA plaident pour des smartphones 4G ultra-abordables (moins de 20 $) afin d’éviter que quiconque ne soit laissé pour compte lors de l’arrêt de la 2G/3G. Le besoin d’appareils abordables a été souligné dans le dernier rapport de la GSMA, qui a révélé qu’un téléphone à 30 $ pourrait rendre l’accès à Internet possible pour jusqu’à 1,6 milliard de personnes actuellement exclues pour des raisons de prix [84] [85]. Combler cet écart est essentiel à mesure que les réseaux se modernisent.À l’inverse, certains opérateurs qui avaient retardé leur mise à niveau procèdent désormais à des déploiements à un rythme record. Notamment, BSNL en Inde – qui a manqué la vague 4G pendant des années – saute maintenant directement de la 3G à la 4G et à la 5G en quelques mois. Après avoir lancé la 4G dans quelques régions en 2022, BSNL exploite son nouveau système 4G/5G indigène pour déployer simultanément la 4G et la 5G à l’échelle nationale d’ici la mi-2024 [86]. Le ministre des communications a déclaré que tous les sites 4G de BSNL recevront des radios 5G via des mises à jour logicielles ou des modules complémentaires, et que chaque antenne BSNL (plus de 92 000) offrira une couverture 5G d’ici l’année prochaine [87]. Ce déploiement rapide est soutenu par d’importants financements gouvernementaux à BSNL (plus de 10 milliards de dollars) et par l’exigence que le réseau de BSNL utilise une technologie fabriquée en Inde. Le développement en interne a été difficile, mais il a réussi – le logiciel central et les radios ont été développés par le C-DOT indien et le groupe Tata en seulement 22 mois [88]. L’avancée de BSNL est stratégique pour l’Inde : elle garantit la concurrence avec les opérateurs privés, étend la 5G aux zones rurales qui pourraient être négligées, et met en valeur la technologie indienne sur la scène mondiale. Les finances de l’entreprise se sont également redressées après le soutien du gouvernement, avec un doublement des bénéfices d’exploitation et une légère augmentation du nombre d’abonnés [89]. Les dirigeants affirment que la prochaine étape consiste à exploiter la 5G pour des cas d’usage véritablement indiens – des services de traduction basés sur l’IA (pour les nombreuses langues de l’Inde) à l’agriculture intelligente. En résumé, la mise à niveau accélérée de BSNL illustre comment un opérateur à la traîne peut se relancer en adoptant massivement de nouvelles technologies.
5G Standalone, IoT & innovations de nouvelle génération
Avec l’adoption mondiale de la 5G désormais bien au-delà de la phase initiale, l’attention se porte sur la prochaine vague d’innovation mobile – à savoir, les réseaux 5G entièrement indépendants, l’Internet des objets et la transition vers la 6G. Une tendance clé est le déploiement des réseaux 5G Standalone (SA). Contrairement à la 5G « Non-Standalone » précédente (qui s’appuyait sur les cœurs 4G), la 5G Standalone utilise un nouveau cœur 5G et peut tenir la véritable promesse de la 5G : une latence ultra-faible, une fiabilité accrue et la capacité de découper le réseau pour différents usages. Après quelques retards en 2023–24, les déploiements mondiaux de la 5G SA s’accélèrent enfin. Une analyse sectorielle d’Omdia indique que 2025 sera une année décisive pour les déploiements de la 5G SA, alors qu’une masse critique d’opérateurs lancera ces réseaux avancés [90]. Beaucoup des grands opérateurs en Chine, aux États-Unis et en Europe ont déjà déployé la 5G SA pour certains utilisateurs, et des dizaines d’autres devraient arriver en ligne en 2024. Cette dynamique signifie que l’industrie peut commencer à réaliser tout le potentiel de la 5G dans des domaines comme la connectivité massive de l’IoT et le contrôle en temps réel. « Avec l’accélération des déploiements de la 5G SA, l’industrie réalise enfin le véritable potentiel de la 5G, » a déclaré Alexander Thompson, analyste principal chez Omdia [91]. La 5G Standalone pose également les bases du développement de la 6G à l’avenir, puisque de nombreux concepts 6G (comme le réseau natif IA et la latence inférieure à la milliseconde) supposent la présence d’un cœur 5G cloud-native.
Un développement passionnant rendu possible par la 5G SA est l’émergence des appareils RedCap. RedCap (5G à capacité réduite) est une nouvelle catégorie de normes d’appareils 5G allégés, conçue pour l’Internet des objets et les objets connectés portables. Ces appareils sont moins complexes (et moins coûteux) que les smartphones 5G complets, mais offrent de meilleures performances que les anciennes options IoT basées sur la 4G. Selon le dernier rapport d’Omdia, 2025 marquera la première fois que l’écosystème des appareils et le support réseau pour la 5G RedCap s’aligneront à grande échelle, permettant aux appareils RedCap de décoller [92]. En fait, fin 2024 a déjà vu l’un des premiers gadgets RedCap commerciaux – une clé hotspot 5G lancée par T-Mobile US – et d’autres sont en préparation [93]. Même Apple a validé RedCap : sa toute nouvelle Apple Watch (Série X) intègre un modem 5G fonctionnant en mode RedCap [94]. Cela signifie que la montre peut se connecter directement aux réseaux 5G pour les données, mais avec une consommation de batterie et un coût inférieurs à ceux d’un téléphone 5G complet. RedCap, c’est essentiellement la 5G pour l’IoT – elle supprime certaines capacités haut débit dont les capteurs IoT n’ont pas besoin, ce qui permet des chipsets moins chers et une autonomie accrue, tout en offrant des performances bien supérieures à la 4G LTE-M ou NB-IoT. Les analystes notent que RedCap comble un créneau important : il peut fournir plusieurs dizaines de Mbps de débit (contre seulement quelques centaines de kilobits sur NB-IoT) et une latence adaptée aux applications en temps réel, tout en restant presque aussi économe en énergie que les modules IoT 4G. Cela le rend idéal pour des usages comme les casques AR/VR, les capteurs industriels, les drones, et bien sûr les montres connectées [95]. L’industrie soutient largement RedCap aujourd’hui – Qualcomm, Ericsson et d’autres ont réalisé des démonstrations en 2023, et avec les mises à niveau des réseaux, 2025 verra probablement la prolifération des modules et appareils RedCap.En même temps, les fonctionnalités avancées de la 5G passent de la théorie à l’utilisation réelle. L’une d’elles est le network slicing – la capacité de créer des « tranches » virtuelles du réseau avec des ressources et une QoS dédiées pour des clients ou applications spécifiques. En 2023, le slicing était principalement en phase d’essai, mais désormais les opérateurs le lancent commercialement sur la 5G SA. Par exemple, T-Mobile US a introduit T‑Priority, un service de réseau découpé pour les entreprises et les utilisateurs de la sécurité publique, et Verizon propose sa tranche Frontline pour les premiers intervenants [96]. En Asie, NTT DoCoMo et d’autres proposent des tranches pour les usines intelligentes. Les régulateurs s’adaptent également – l’Allemagne et le Japon ont réservé des fréquences pour des réseaux 5G privés qui agissent effectivement comme des tranches industrielles. Un autre domaine en plein essor est celui des réseaux 5G privés pour les entreprises. Les sociétés des secteurs comme la fabrication, la logistique et l’énergie adoptent la 5G sur site (parfois avec leurs propres petites licences de spectre ou en partenariat avec des opérateurs) pour remplacer le Wi-Fi ou les connexions filaires. La sécurité et la fiabilité sont des moteurs importants de cette tendance. Une enquête d’Omdia auprès des entreprises a révélé que 33 % des organisations citent la sécurité comme leur priorité principale en matière de connectivité IoT, ce qui alimente la demande de solutions 5G privées permettant à l’entreprise de contrôler totalement le flux de données [97]. La 5G privée peut être personnalisée pour les installations – par exemple, en fournissant des liaisons à ultra-faible latence pour la robotique sur une chaîne de production ou une large couverture sur un site minier isolé. Elle permet aussi aux systèmes critiques de continuer à fonctionner même si les réseaux publics tombent en panne.
Un autre élément du puzzle est l’évolution de l’écosystème développeur de la 5G. 2024 verra un déploiement plus large des API réseau standard – en gros, des interfaces permettant aux développeurs de logiciels d’exploiter les capacités des réseaux 5G (comme la localisation, la QoS ou le slicing à la demande). Des groupes industriels comme la GSMA ont lancé l’initiative Open Gateway, où les opérateurs exposent des API communes. Cela pourrait stimuler de nouvelles applications intégrant étroitement les fonctionnalités réseau, ouvrant potentiellement de nouveaux flux de revenus pour les opérateurs en facturant les appels API. Les premiers exemples incluent des API pour l’edge computing, la localisation des appareils ou la vérification d’identité via le réseau mobile.
Peut-être que la démonstration 5G la plus remarquée jusqu’à présent a eu lieu dans le domaine médical. Comme indiqué dans Key Facts, Zain Koweït a marqué l’histoire en permettant une chirurgie complexe à distance via son réseau 5G [98]. Lors de cet essai, un chirurgien au Koweït contrôlait un bras chirurgical robotisé opérant sur un patient à 12 000 km de là, au Brésil. La connexion 5G offrait environ 80 Mb/s de bande passante avec une latence ultra-faible, de sorte que les commandes du chirurgien étaient transmises instantanément et le retour vidéo était en temps réel [99]. Ce type de télé-chirurgie était impraticable en 4G en raison de problèmes de latence et de fiabilité, mais la 5G le rend possible. Le PDG de Zain, Bader Al-Kharafi, a qualifié cela de « une avancée sérieuse vers un avenir numérique florissant » pour la santé et au-delà [100]. Des experts médicaux ont noté que, bien que des obstacles réglementaires et de formation subsistent, la capacité à opérer à distance pourrait être transformatrice en cas d’urgence ou dans les régions dépourvues de spécialistes. Plus largement, cela a mis en avant la capacité de communication ultra-fiable à faible latence (URLLC) de la 5G – l’une des promesses fondamentales des réseaux 5G SA. L’URLLC peut permettre d’autres tâches critiques comme le contrôle de véhicules autonomes, l’automatisation industrielle en temps réel, ou même le pilotage de drones à des milliers de kilomètres. Nous voyons les premiers cas d’usage concrets émerger. Dans l’année à venir, attendez-vous à entendre davantage parler de la 5G alimentant des usages comme la conduite à distance (véhicules téléopérés), la VR/AR avec retour haptique, et des déploiements massifs d’IoT (villes intelligentes avec des millions de capteurs). Chacun de ces usages repousse les limites de ce que les réseaux précédents pouvaient faire.
En résumé, l’écosystème 5G est en maturation : les réseaux fondamentaux (comme les cœurs 5G SA) se mettent en place, de nouveaux types d’appareils (RedCap, etc.) élargissent le champ des connexions possibles, et des applications innovantes, de la chirurgie aux réseaux intelligents, valident le potentiel de la technologie. On parle même déjà des premières recherches sur la 6G dans les forums et le monde académique – bien que les standards 6G ne soient pas attendus avant 2028–30, les idées d’intégrer l’IA, les fréquences térahertz, et même les réseaux non terrestres (comme les satellites) de façon plus étroite sont explorées. Mais pour l’instant, l’objectif est de tirer pleinement parti de la 5G. Les analystes du secteur prévoient que 2024–25 sera la période de transition entre le « déploiement de la couverture 5G » et le véritable « lancement de l’innovation 5G », où les fonctionnalités avancées de la technologie commenceront à apporter de la valeur.
La connectivité satellite étend la portée du mobile
Autrefois domaines séparés, les communications par satellite et les réseaux cellulaires convergent de plus en plus – une tendance soulignée par plusieurs annonces ces derniers jours. L’objectif est de garantir que, même dans les zones les plus reculées ou sinistrées, un téléphone mobile standard puisse rester connecté en se reliant à un satellite en orbite. Ce mois-ci a vu des avancées majeures vers cette réalité en Amérique du Nord et au-delà.
T-Mobile US & SpaceX – Les téléphones grand public vers les étoiles : Aux États-Unis, T-Mobile a été un pionnier de l’intégration satellite-cellulaire grâce à son partenariat avec Starlink de SpaceX. Dès 2022, ils avaient évoqué l’idée que les téléphones T-Mobile utilisent les satellites Starlink pour envoyer des SMS ; aujourd’hui, cela devient réalité. Le service satellite de T-Mobile (marqué « Coverage Above and Beyond », désormais souvent appelé T-Satellite) a officiellement été lancé en juillet pour l’envoi de SMS sur certains forfaits [101]. Et cette semaine, T-Mobile a annoncé que le service s’étend pour prendre en charge les données pour certaines des applications de messagerie et de cartographie les plus populaires. Concrètement, les clients peuvent désormais utiliser WhatsApp, Google Maps, Facebook Messenger et X (Twitter) pour une connectivité basique via satellite lorsqu’ils n’ont pas de signal cellulaire [102]. Le service s’appuie sur les nouveaux satellites Direct-to-Cell de SpaceX – essentiellement des satellites Starlink modifiés avec des antennes cellulaires – dont plus de 650 sont déjà en orbite [103]. Lorsqu’un utilisateur T-Mobile se trouve hors réseau (randonnée en pleine nature, navigation en mer, etc.), son téléphone bascule automatiquement en mode satellite s’il en est capable. La bande passante est très limitée par rapport à la 5G terrestre, donc T-Mobile n’active pour l’instant que des applications centrées sur le texte ou légères – vous pouvez envoyer des messages, obtenir des données cartographiques simples, peut-être de petites photos, mais pas regarder de la vidéo en streaming intensif. Cela reste néanmoins un game-changer pour la sécurité et la commodité : vous pourriez envoyer un WhatsApp à votre famille depuis une montagne ou transmettre votre position GPS depuis un désert. La connectivité satellite est incluse sans frais supplémentaires sur les principaux forfaits Magenta de T-Mobile (désormais renommés « Go5G Next »), et peut être ajoutée pour environ 5 à 10 $/mois sur d’autres forfaits [104]. Même les utilisateurs d’autres opérateurs peuvent y souscrire pour 5 $ par mois. Le téléphone n’a pas besoin de mise à niveau matérielle – les iPhones et Android récents sont déjà compatibles. Jeff Giard, vice-président de l’innovation réseau chez T-Mobile, a indiqué qu’ils ont travaillé avec Apple et Google pour implémenter un « mode satellite » spécial dans le système d’exploitation du téléphone, que les applications peuvent adopter [105]. « Les gens sont ravis que le téléphone dans leur poche puisse se connecter à l’espace… c’est pratiquement un téléphone satellite sans équipement supplémentaire, » a noté Giard [106]. Cette initiative utilise le spectre de bande moyenne (environ 1,9&nbbande PCS GHz) que T-Mobile possède, transmise par des satellites SpaceX directement vers les téléphones – transformant ainsi les satellites en immenses tours cellulaires dans le ciel. La latence (ping) est élevée (plusieurs centaines de ms), mais pour la messagerie, cela convient. L’objectif ultime de T-Mobile (avec SpaceX et même des rivaux comme AT&T s’associant à des entreprises de satellites) est que aucun client mobile ne perde jamais la connectivité de base, même très loin de la couverture terrestre.
Canada – Percée de Bell & AST SpaceMobile dans la connexion directe au mobile : Au nord, Bell Canada a franchi une étape majeure avec son partenaire texan AST SpaceMobile : ils ont réalisé les premiers appels cellulaires et sessions de données par satellite au Canada [107]. Lors d’un test mené fin septembre au Nouveau-Brunswick, l’équipe de Bell a pu passer un appel vocal standard en utilisant VoLTE (voix sur LTE) depuis un smartphone non modifié se connectant directement au satellite BlueWalker 3 d’AST SpaceMobile en orbite terrestre basse [108] [109]. Ils ont également envoyé des messages texte, reçu une alerte d’urgence et même effectué un léger streaming vidéo – le tout via une connectivité satellite sur un téléphone ordinaire [110] [111]. Cette démonstration prépare le terrain pour le projet de Bell de proposer un service satellite direct au mobile commercial en 2026 à travers le Canada. Bell est un investisseur précoce dans AST SpaceMobile depuis 2021 et a mis à disposition son spectre cellulaire licencié pour ces tests [112]. Notamment, Bell possède et exploite les passerelles terrestres au Canada qui relient le satellite aux réseaux terrestres [113]. Lorsque le service sera lancé (probablement à l’aide d’une constellation de satellites BlueBird d’AST), Bell affirme qu’il offrira une couverture « au nord du 59e parallèle, dans les zones maritimes côtières et sur 5,7 millions de kilomètres carrés » – une zone qui, selon Bell, représentera la plus grande couverture de tout réseau au Canada [114]. Essentiellement, de vastes régions isolées du nord du Canada (de l’extrême Arctique à l’Atlantique au large) qui n’ont jamais eu de service cellulaire pourraient bénéficier d’une couverture vocale et de données de base. Le CTO de Bell a qualifié cela de « moment décisif pour la connectivité au Canada », soulignant que la double stratégie de Bell – investir dans les satellites tout en déployant du spectre 5G bas de gamme – la place dans une position unique pour offrir « un service cellulaire par satellite hautement fiable sur lequel les Canadiens peuvent compter » avec sécurité et covAyez à l’esprit [115]. Il est important de noter que Bell a souligné que cela ne s’adresse pas seulement aux consommateurs ; cela peut alimenter des communications critiques pour les entreprises dans les secteurs minier, forestier, énergétique et pour la sécurité publique dans des régions éloignées [116] [117]. Le test réussi comprenait également la diffusion de vidéos en streaming, ce qu’AST SpaceMobile a présenté comme la première fois qu’une connexion cellulaire à large bande basée dans l’espace gérait de la vidéo au Canada [118]. Avec ces résultats, Bell prévoit de commencer à offrir la connectivité par satellite à ses clients l’année prochaine (2026). On peut s’attendre à ce que Bell (et probablement Telus via un partenariat, étant donné que Telus et Bell partagent souvent leurs réseaux) propose une couverture satellite pour les forfaits ruraux ou d’entreprise, à l’image de l’approche de T-Mobile.
Course mondiale à la large bande par satellite – Starlink vs. Kuiper : Au-delà de la connectivité téléphonique directe, le marché mondial plus large de la large bande par satellite s’intensifie. Le service Starlink de SpaceX a déjà déployé plus de 5 000 satellites en orbite basse et dessert plus de 60 pays avec des antennes fixes. Il est particulièrement populaire dans les communautés rurales et isolées pour l’accès à Internet à domicile. Désormais, le Project Kuiper d’Amazon est prêt à devenir le principal concurrent de Starlink. Amazon a commencé à lancer ses satellites Kuiper cette année – les premiers prototypes ont été envoyés début 2023, et le déploiement à grande échelle a commencé avec 27 satellites Kuiper lancés en avril 2025 sur une fusée Atlas V [119]. Un autre lot est prévu pour fin 2025 sur une Falcon 9. Amazon vise à avoir quelques centaines de satellites en orbite d’ici 2026 pour démarrer un service régional, et à terme plus de 3 200 satellites en orbite. Notamment, Amazon conclut aussi des accords au sol : l’entreprise a récemment manifesté son intérêt pour le déploiement des services Kuiper au Vietnam. En août, des représentants d’Amazon ont rencontré le ministère vietnamien des technologies et présenté un plan d’investissement de 570 millions de dollars d’ici 2030 pour développer l’infrastructure Kuiper au Vietnam [120]. Cela inclut jusqu’à six stations au sol et une usine locale pour les terminaux utilisateurs, probablement en partenariat avec des entreprises vietnamiennes [121]. Amazon a même créé une nouvelle filiale, « Amazon Kuiper Vietnam Ltd », et a demandé une licence pour exploiter la large bande par satellite dans le cadre d’une phase pilote de cinq ans [122]. Le gouvernement vietnamien semble favorable – il a également accordé à Starlink l’autorisation de mettre en place un service Internet par satellite similaire en parallèle [123]. Le Vietnam compte de nombreux villages et îles isolés où le déploiement de la fibre est difficile, donc la couverture satellite pourrait être un atout. Il est intéressant de noter que le Vietnam accueille à la fois Starlink et Kuiper ; la concurrence pourrait faire baisser les prix pour les consommateurs. De même, à travers l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, les pays considèrent les satellites LEO comme un moyen de combler la fracture numérique. Le Libéria, par exemple, a vu Starlink lancer son service en 2025 et envisage désormais également Amazon Kuiper, afin d’assurer la redondance et la concurrence sur les prix [124] spaceflightnow.com. Au Moyen-Orient, une entreprise basée au Qatar (es’hailSat) s’est associée à OneWeb pour proposer l’internet haut débit par satellite dans les régions désertiques. Et l’Europe prévoit même sa propre constellation LEO soutenue par l’UE (IRIS²) plus tard cette décennie afin de garantir la souveraineté de l’internet par satellite.
Pendant ce temps, les partenariats entre opérateurs mobiles et fournisseurs de satellites se multiplient. Outre T-Mobile/SpaceX et Bell/AST SpaceMobile, AT&T collabore également avec AST SpaceMobile (ils ont conjointement réalisé un appel satellite en 2023). Vodafone est aussi investisseur dans AST, visant un service en Afrique et en Europe. En Australie, Telstra s’associe à Viasat pour étendre la couverture. Et, dans un retournement de situation, certaines entreprises satellites s’associent entre elles : Iridium (une entreprise historique de téléphonie par satellite) a uni ses forces à Qualcomm pour permettre l’envoi de SMS d’urgence par satellite sur les téléphones Android, suivant l’exemple d’Apple avec son SOS d’urgence via satellite (utilisant les satellites Globalstar) introduit sur les iPhones en 2022. Le service d’Apple a déjà sauvé des personnes lors d’accidents en zones isolées en relayant des messages via satellite lorsqu’aucun signal cellulaire n’était disponible. Google a annoncé que la prochaine version d’Android prendra également en charge nativement la messagerie par satellite.
Tout compte fait, la connectivité satellite est en passe de devenir un complément standard aux réseaux mobiles terrestres. D’ici quelques années, de nombreux consommateurs ne se rendront même pas compte lorsque leur téléphone passera sans interruption d’une antenne relais à un satellite en pleine nature – ils resteront simplement connectés. Pour les opérateurs, l’intégration du satellite offre enfin un moyen d’atteindre les 5 % restants de couverture géographique que les antennes ne peuvent couvrir de façon économique (montagnes, océans, cieux), et de fournir un secours en cas de catastrophes détruisant les infrastructures au sol. Nous assistons aux débuts d’une extension spatiale du réseau GSM, réalisant l’ancien rêve d’une « couverture partout sur Terre ».
Défis de sécurité & de connectivité
Au milieu de l’enthousiasme suscité par les nouvelles technologies, le secteur mondial des télécommunications a également été confronté à des alertes de sécurité et des lacunes persistantes de connectivité début octobre. Ces événements rappellent que les réseaux doivent être résilients face aux menaces humaines comme face aux forces de la nature ou à la géopolitique.
Super-arme de SIM Swap déjouée aux États-Unis : Une histoire dramatique s’est déroulée à New York, où des agents fédéraux américains ont démantelé un vaste réseau télécom illégal qui avait été secrètement assemblé près du site de l’Assemblée générale des Nations Unies [125]. Le Secret Service a découvert plus de 300 dispositifs serveurs SIM frauduleux et plus de 100 000 cartes SIM répartis sur plusieurs sites dans la région de New York [126]. Ce réseau clandestin de cartes SIM aurait pu être utilisé comme une « arme » pour spammer ou perturber les services mobiles à une échelle sans précédent. Les enquêteurs pensent que les auteurs prévoyaient d’exploiter ces serveurs SIM pour envoyer des millions de messages ou d’appels usurpés simultanément – pouvant potentiellement saturer les réseaux des opérateurs, désactiver le trafic téléphonique, voire mettre hors service des services critiques comme le 911 pour les appels d’urgence [127]. Le moment était inquiétant : la découverte a eu lieu alors que les dirigeants mondiaux étaient en ville pour l’Assemblée de l’ONU fin septembre, ce qui a suscité des soupçons quant à la volonté de semer le chaos ou la confusion lors de cet événement de haut niveau. Les responsables ont déclaré que l’impact potentiel « ne peut être surestimé » – une attaque de ce type pourrait perturber les communications de millions de personnes [128]. Heureusement, cette opération a permis d’éviter toute panne de ce genre. Cela met en lumière un nouveau type de menace pour la sécurité : il ne s’agit pas d’une cyberattaque traditionnelle, mais d’un abus massif de l’infrastructure de signalisation télécom. Les opérateurs étudient désormais cet incident pour renforcer leurs réseaux contre des phénomènes similaires de « SIM farming » ou de tempêtes de signalisation. Cela souligne aussi l’importance de sécuriser les chaînes d’approvisionnement (comment quelqu’un a-t-il pu acquérir 100 000 SIM actives ? Probablement en exploitant des offres IoT/M2M ou des procédures d’enregistrement laxistes dans certains pays). L’épisode a fait la une dans les cercles de la sécurité et est devenu une étude de cas en planification de la résilience des réseaux télécoms.
Espionnage et piratages – Les yeux sur le cœur du réseau : Pendant ce temps, la cyber-espionnage continue de cibler les opérateurs télécoms, car ils transportent d’énormes quantités de données sensibles. Un rapport cette année a révélé une campagne de piratage liée à la Chine qui avait infiltré plusieurs opérateurs télécoms aux États-Unis et à l’étranger [129]. Les pirates, supposés être associés aux intérêts de l’État chinois, ont utilisé des techniques sophistiquées pour compromettre les routeurs et pare-feux qui dirigent le trafic des opérateurs [130]. En exploitant des vulnérabilités zero-day dans les équipements du cœur de réseau, ils ont pu surveiller ou siphonner secrètement des données sur une longue période. Ce type d’intrusion est extrêmement préoccupant – des acteurs hostiles pourraient potentiellement espionner les appels téléphoniques, intercepter des SMS ou cartographier la localisation des utilisateurs s’ils compromettaient totalement le cœur d’un opérateur. Dans certains cas, les enquêteurs ont trouvé des preuves que les attaquants avaient accès aux systèmes internes des opérateurs pendant des années avant d’être détectés. Les États-Unis ont réagi en renforçant les règles sur les équipements télécoms (interdiction des équipements chinois Huawei et ZTE, par exemple, et financement des opérateurs pour les remplacer). Les entreprises télécoms renforcent également leurs défenses : elles mettent en place plus de segmentation réseau, surveillent en continu les signaux pour détecter des anomalies et partagent des renseignements sur les menaces via des groupes industriels. Les gouvernements ont intensifié les avertissements, avec des agences comme la CISA aux États-Unis qui publient des directives pour que les opérateurs télécoms corrigent les logiciels critiques des routeurs et surveillent les indicateurs de compromission liés à cette campagne [131]. Toutes ces actions montrent que sécuriser le « réseau des réseaux » est désormais une priorité de sécurité nationale, car nos téléphones et notre connectivité internet peuvent être des cibles dans un conflit géopolitique ou une opération d’espionnage.
Infrastructures sous pression – Guerre & catastrophes : Au-delà des attaques intentionnelles, les réseaux télécoms font face à des perturbations naturelles et humaines. En Afghanistan, par exemple, une grave panne d’électricité et des troubles politiques ont récemment entraîné des coupures de réseau mobile de plusieurs jours dans certaines provinces (une situation signalée par des groupes humanitaires). Et les zones de conflit comme l’Ukraine ont connu des pannes télécoms répétées à cause de dommages sur les infrastructures. Chaque crise rappelle l’importance des systèmes de secours – qu’il s’agisse de liaisons satellites (comme en Ukraine) ou de sites cellulaires mobiles sur roues et de drones pour rétablir la couverture après des ouragans ou des tremblements de terre. La semaine dernière encore, un important câble sous-marin à fibre optique a été sectionné près des îles Shetland au Royaume-Uni, coupant l’accès à l’internet haut débit et au téléphone jusqu’à ce que des réparations d’urgence soient effectuées. La cause était probablement un accident de chalutier, mais cela a montré à quel point la connectivité peut être fragile pour les régions isolées qui dépendent d’un seul câble.
La fracture numérique persistante : Sur le plan de la connectivité, le fossé d’utilisation mondial reste un défi pressant. Comme indiqué, plus de 3 milliards de personnes disposent d’une couverture mais ne sont pas en ligne en raison de barrières telles que le coût des appareils et la littératie numérique [132] [133]. Ce fossé touche de manière disproportionnée les zones rurales, les femmes et les groupes à faibles revenus. Par exemple, en Afrique subsaharienne, environ 60 % de la population vit dans des zones couvertes par des signaux internet mobile, mais seulement environ 28 % utilisent réellement les données mobiles – ce qui signifie que la majorité reste hors ligne malgré la couverture [134]. L’accessibilité financière est un facteur clé : un smartphone basique peut coûter plus de deux mois de revenus pour beaucoup, et les forfaits de données sont chers par rapport aux revenus. Le rapport 2025 sur la connectivité mobile de la GSMA a appelé à se concentrer sur la réduction des coûts – suggérant qu’un prix de smartphone d’environ 30 $ pourrait permettre à 1,6 milliard de personnes supplémentaires d’accéder à Internet [135]. Des initiatives telles que les téléphones intelligents subventionnés, la formation aux compétences numériques et le contenu localisé dans les langues natives sont en cours d’expansion pour s’attaquer à ces problèmes. On observe également un investissement croissant dans les solutions de couverture rurale : réseaux communautaires, micro-antennes alimentées à l’énergie solaire et satellites en orbite basse (comme évoqué) jouent tous un rôle pour atteindre les populations non connectées. La Commission du haut débit de l’ONU a fixé des objectifs pour 2030, incluant la connectivité universelle et un accès à Internet coûtant moins de 2 % du revenu mensuel à l’échelle mondiale. Le temps presse, mais la récente montée en puissance des projets satellites et 5G donne un certain espoir que les populations les plus difficiles à atteindre pourraient être connectées dans les années à venir, si les barrières de coût peuvent être levées.
Optimisme prudent : Malgré les alertes de sécurité et une connectivité inégale, la trajectoire globale de l’industrie des télécoms reste ascendante. Notamment, le sentiment des investisseurs dans les télécoms s’est légèrement amélioré en Europe dans l’espoir que la consolidation et de nouveaux services (comme l’accès fixe sans fil, l’IoT et les offres fintech) stimuleront les revenus [136]. Les actions télécoms, qui étaient à la traîne, ont connu une hausse fin 2025 alors que plusieurs opérateurs ont annoncé une stabilisation des bénéfices. Des opérateurs comme BT rappellent rapidement aux parties prenantes les bénéfices économiques apportés par les réseaux de nouvelle génération : BT a publié une étude affirmant que la 5G et la fibre généralisées au Royaume-Uni pourraient ajouter environ 150 milliards de livres au PIB d’ici 2030 grâce aux gains de productivité, à l’innovation et à la création d’emplois [137]. Des études similaires aux États-Unis et en Chine prévoient également des retombées économiques de plusieurs milliers de milliards grâce à l’adoption de la 5G, de l’IA et de l’IoT au cours de cette décennie. Ces chiffres soutiennent un récit clé : investir dans les télécoms ne consiste pas seulement à télécharger des vidéos plus rapidement, mais à permettre l’émergence de nouvelles industries entières (comme les véhicules autonomes, les villes intelligentes, la santé numérique, les usines de l’Industrie 4.0, etc.). Les gouvernements sont attentifs – beaucoup ont intégré le haut débit et la 5G dans leurs plans nationaux de développement et leurs fonds de relance post-COVID. Par exemple, le Fonds de relance de l’UE a réservé des milliards pour les corridors 5G et la fibre rurale ; et le budget de l’Inde a financé la fibre dans chaque village et la relance 4G/5G de BSNL (comme nous l’avons vu).
Pour l’avenir, quelques prévisions d’analystes du secteur et de cabinets de conseil se démarquent : l’adoption de la 5G va continuer de croître rapidement – Ericsson prévoit 4,6 milliards d’abonnements 5G dans le monde d’ici 2027 (plus de la moitié de tous les abonnements mobiles). La 4G atteindra un pic puis déclinera à mesure que les utilisateurs migreront vers la 5G, mais la 4G restera importante dans les régions moins développées jusqu’à la fin des années 2020. Le haut débit à domicile via la 5G (accès fixe sans fil) va se développer, pouvant représenter 40 à 50 % des nouveaux abonnements internet à domicile sur certains marchés où le déploiement de la fibre est coûteux. Les connexions IoT vont exploser pour atteindre environ 25 milliards d’ici 2030, avec une croissance particulièrement rapide de l’IoT cellulaire (5G RedCap, LTE-M, etc.), qui pourrait atteindre 5 milliards de connexions d’ici 2030 [138]. Et en regardant vers la 6G, des cabinets de conseil comme ABI Research prévoient les premiers déploiements commerciaux de la 6G autour de 2030, en mettant l’accent sur des réseaux pilotés par l’IA, des fréquences sub-THz pour des liaisons spéciales à très haute capacité, et même l’intégration des réseaux satellites et terrestres en un système unique et transparent.
Pour l’instant, le secteur des télécommunications a fort à faire avec le déploiement aussi large que possible de la 5G et de la fibre, tout en garantissant la sécurité et la durabilité. Les événements des 5 et 6 octobre 2025 – des grandes enchères et arrêts de service aux avancées satellitaires et alertes de sécurité – illustrent un moment charnière pour l’industrie. Les vestiges de l’ancien (3G, lignes cuivre) sont balayés, la promesse du nouveau (5G, IoT, Internet haut débit par satellite) se concrétise, et un travail acharné se poursuit pour que tout cela profite à chacun en toute sécurité. Chaque semaine nous rapproche d’une planète véritablement interconnectée, et octobre 2025 s’annonce comme un chapitre particulièrement riche en événements dans cette histoire en cours.
Sources: Reuters [139] [140] [141]; Mobile World Live [142] [143]; TelecomTV [144] [145]; GSMA [146]; BusinessWire (Omdia) [147] [148]; Bez_Kabli Tech Blog [149] [150]; Alkamba Times (Gambia) [151] [152]; Bell Canada News telecoms.com [153] ; Extensia/TechAfrica (Maroc) [154] [155] ; Outlook India/ElectronicsForYou (BSNL) [156] [157] ; Daily FT (Sri Lanka) [158] ; et d’autres comme indiqué ci-dessus.
References
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